Aujourd'hui, j'ai la chance de vous présenter ma petite maman. Elle s'appelle Carine et a fait des études d'analyste-programmeuse. Je l'ai interviewée pour en savoir un peu plus sur son parcours et ses influences. Aujourd'hui, elle ne fait malheureusement plus partie du monde de la programmation mais ce n'est pas pour autant qu'elle ne s'épanouit pas dans son nouveau métier. Je vous laisse la découvrir.
PS : Désolée pour le chien qui aboie tout le long de la vidéo, je devrais apprendre à fermer la fenêtre de ma chambre quand je filme. Oups.
Retranscription entière de l'interview :
Interviewer, Marie : Bonjour Carine, pourriez-vous vous présenter s'il vous plait ?
Carine Closset : Bonjour. Je m'appelle Carine, j'ai 52 ans et je suis Liégeoise. Je suis actuellement responsable d'un service de traduction et de rédaction dans un groupe international.
Pourriez-vous nous expliquer votre parcours scolaire ?
Dès les humanités (les secondaires), j'ai été très attirée par l'informatique. Je ne peux pas expliquer pourquoi, mais à 16 ans j'ai acheté mon premier ordinateur d'occasion. Je ne sais pas pourquoi, mais j'aimais bien ça, j'en voulais un et j'ai commencé à jouer avec. Et donc je savais déjà à ce moment-là que je voulais être informaticienne. Dès que j'ai eu terminé mes humanités, je me suis inscrite à l'université. Après deux ans rapide à l'université, je suis passée en graduat (bachelier en Haute École) pour réussir brillamment en deux ans. J'ai directement trouvé du travail.
En quelle année avez-vous obtenu votre diplôme ?
En 1990.
Est-ce que vous vous souvenez du nombre de filles qui étaient présentes avec vous à l'université ou en graduat ?
À l'université c'est très simple, nous avons débuté l'année avec deux filles sur un auditoire de quatre-vingts personnes. Au bout de deux semaines, l'autre fille a quitté donc j'ai terminé l'année en étant seule dans tout cet auditoire. Par la suite, quand je suis passée en graduat, il y avait un peu plus de filles. Nous étions cinq sur soixante inscrits.
Avez-vous eu des professeures ?
J'ai effectivement eu des professeures féminines, mais pas dans le domaine de l'informatique. Elles étaient plutôt prof de comptabilité, etc.
Pourquoi vous êtes-vous tournée vers ce domaine d'études ? Qu'est-ce qui vous a le plus plu dans la programmation ?
Comme je le disais tout à l'heure, c'était une envie que je ne peux pas expliquer. J'ai toujours adoré les mathématiques. Je ne sais pas si ça a un lien de cause à effet, mais en tous cas j'avais envie de faire de l'informatique. J'avais envie d'un ordinateur avant même de savoir ce que je pouvais en faire. Et quand j'ai acheté mon premier ordinateur, j'ai écrit mon premier programme en BASIC que j'enregistrais sur des cassettes audio.
Vous êtes-vous déjà sentie inférieure à un homme, que ce soit dans vos études ou dans votre métier ?
Non.
Mais est-ce qu'on vous l'a déjà fait ressentir ? Vous avez l'impression qu'on vous faisait vous sentir inférieure.
Oui. Je me souviens très bien d'ailleurs, je ne peux pas l'oublier. Lors d'une réunion avec le directeur de mon ancienne entreprise, nous sommes deux, lui et moi. Il me pause des questions sur la programmation, sur comment nous pourrions faire quelque chose. Je commence à émettre mon avis, et puis à ce moment-là il appelle un de mes collègues masculin en disant : "Il y aura plus dans deux cerveaux que dans un".
Avez-vous déjà reçu quelques remarques lorsque vous annoncez à quelqu'un que vous faites de la programmation ?
Effectivement lorsque j'étais encore programmeur et que je disais que j'étais programmeur, ça interpellait, mais sans plus. Je crois surtout que les personnes auxquelles j'expliquais que j'étais analyste-programmeur ne savaient pas exactement en quoi ce métier consistait.
Est-ce que vous connaissez une femme programmeuse qui a eu un impact important ?
Et bien non. Malheureusement non, je n'ai en réalité jamais cherché à connaitre des femmes programmeuses.
Pourquoi avez-vous décidé d'arrêter la programmation ? Était-ce une décision personnelle ou vous a-t-on poussé à stopper ?
Ce n'est pas une décision de ma part. Quand j'ai quitté le service de programmation j'étais manager du service, je gérais trois programmeurs masculins. Le responsable de l'entreprise a souhaité engager un manager masculin. À ce moment-là , il m'a transféré comme manager au service Customer Service (service client). Ça a été une déception pour moi, mais finalement pas très longtemps parce que je me donne à fond dans ce que je fais. C'était un nouveau challenge et je suis repartie en oubliant quelque peu la programmation. Quoique, même si ça remonte à quelques années aujourd'hui, les programmeurs font toujours appel à moi et ça me fait bien plaisir de leur donner des conseils.
Est-ce que le métier vous manque ?
Alors comme je le disais, je me donne à fond dans ce que je fais. Depuis, j'ai encore changé de métier car aujourd'hui je gère un service de rédacteurs et de traducteurs. Je n'ai plus trop le temps de penser à la programmation, par contre ça me fait toujours plaisir quand les programmeurs viennent me trouver pour me demander mon avis ou me demander mon expertise.