Pour cette troisième interview, je vous propose aujourd'hui le point de vue d'une étudiante en informatique : Magali Legast. Elle a 23 ans et est pour le moment en master 1 ingénierie civile à l'université de Louvain en Belgique. Elle nous explique son parcours à travers une interview que vous pouvez retrouver ci-dessous.
Interviewer, Marie : Pouvez-vous vous présenter, s’il vous plait ? (Nom, prénom, âge, etc)
Magali Legast : Je m’appelle Magali Legast, j’ai 23 ans. Je suis étudiante en master 1 en ingénieure civil en informatique à l’UCLouvain.
Quel est votre parcours scolaire ?
J’ai fait mes études secondaires au Collège-Saint-Etienne à Court-Saint-Etienne avec les options math 8 et sciences 6. L’option math 8 était le cours de math 6 heures avec deux heures en plus pour nous préparer à l’examen d’entrée d’ingénieur civil, sauf qu’à ce moment-là , personne dans cette classe ne prévoyait de passer l’examen. J’ai toujours très bien réussi mes études secondaires et j’étais encouragée par mes profs.
Après mes secondaires, je suis partie un an aux Etats-Unis où je faisais une seconde rhéto et j’étais dans une famille d’accueil. C’est d’ailleurs là que j’ai eu mon premier cours d’informatique, un peu par hasard. Je n’y connaissais pas grand-chose et ça a fait partie des cours que j’ai pris un peu aléatoirement pour m’ouvrir à des nouvelles choses. Au final, je suis super heureuse d’avoir choisi ça.
Ensuite, j’ai commencé mon bac en ingénieure civil, au départ sans savoir quelle spécialisation j’allais prendre. J’ai plutôt eu du mal, surtout au début. J’ai bissé ma première et il me reste encore deux cours de bac qui traînent. Mais au fur et à mesure, j’ai réussi de mieux en mieux, surtout dans les cours d’informatique et j’en ai eu de plus en plus au fil des années jusqu’à atteindre mon master qui est 100 % informatique. C’est là que j’en suis maintenant.
En quelle année obtiendrez-vous votre diplôme ?
Si tout va bien, je devrais obtenir mon diplôme de bac cette année, donc 2020, et mon master l’année prochaine en 2021.
Quel est le pourcentage (ou le nombre) de femmes présentes avec vous lors de vos études ?
Si je ne me trompe pas, on est 13 sur 100 dans les deux années du master ingénieur informatique et il y en a 7 sur 105 dans les années de master en sciences informatiques.
Avez-vous des professeures femmes ?
En sciences dures, je n’en ai eu qu’une seule, qui donnait une partie d’un cours de chimie, donc aucune en informatique. J’ai eu quatre autres professeures femmes dans des cours de langues ou sciences humaines et la moitié partageait l’enseignement avec un ou des hommes.
Pourquoi vous êtes-vous tournées vers ce domaine d’étude ? Qu’est-ce qui vous a le plus plu dans la programmation ?
J’ai toujours aimé les sciences de manière générale, mais au début sans savoir dans quoi je voulais me spécialiser. Quand j’ai découvert la programmation, j’ai tout de suite accroché. J’aime beaucoup le défi intellectuel que ça représente et aussi le côté logique. Je trouvais que c’était comme les maths, mais avec moins de règles à retenir. Je trouve ça aussi incroyable tout ce qu’on peut faire avec, au final, des instructions qui sont très simples et matériellement juste des variations de courant électrique. Ça m’émerveille.
Vous êtes-vous déjà sentie inférieure à un homme dans le cadre de votre métier ?
Je me suis sentie dévalorisée en tant que femme dans la société en générale, mais pas dans ces études plus qu’ailleurs. Je me mets quand même parfois une certaine pression pour particulièrement bien faire et être particulièrement compétente parce que ça m’arrive d’avoir peur que les gens associent (consciemment ou inconsciemment) mes erreurs et mes faiblesses à mon genre et que ça nuise à leur représentation des femmes en générale.
C’est aussi arrivé qu’un assistant me parle à moi et une autre étudiante avec qui je travaillais de manière particulièrement condescendante en sous-entendant qu’on n’y connaissait rien à rien. Les étudiants masculins avec qui j’en ai parlé m’ont dit que ce même assistant n’avait pas été aussi condescendant avec eux dans la même situation, mais sans plus de témoignages c’est difficile de savoir si c’est une question de genre ou pas.
Mais intimement, je me sens égale aux autres et je ne trouve pas que nous les femmes soyons globalement traitées perceptiblement différemment que les hommes.
Avez-vous déjà reçu quelconque remarque lorsque vous dites à une personne que vous étudiez la programmation ?
Je dis plus souvent que je fais des études d’ingénieure civil et les gens ont souvent l’air impressionnés. Par contre je ne sais pas s’ils seraient moins impressionnés si j’étais un homme.
On m’a déjà dit quelque fois que c’était « plutôt des études de garçons », « un milieu masculin » ou des choses du genre, mais généralement ça voulait plus relever du constat de la minorité de femmes, plutôt que de me dire que ça ne devrait pas être pour moi.
Connaissez-vous une femme programmeuse connue ?
Ça n’est pas vraiment une programmeuse, mais si je ne me trompe pas Ada Lovelace a été la première personne à créer un algorithme et donc elle est très importante pour le monde de l’informatique et de la programmation (mon article sur Ada Lovelace ici).
Il y a aussi la femme qui a permis la visualisation d’un trou noir, mais je ne me souviens malheureusement plus de son nom.
Avez-vous entrepris des études avant celles-ci ?
Non, j’ai directement choisi les études d’ingénieur civil et j’ai rapidement su que je voulais faire le master d’ingénieure civil en informatique.
Quels langages de programmation est-ce que vous apprenez en master d’ingénieur informatique ?
On apprend plusieurs langages différents. Le premier a été Java, puis C et OZ (un langage créé par un de nos professeurs et qui est bien pour l’apprentissage, même s’il n’est pas utilisé ailleurs). On voit aussi Pyhton et SQL dans les cours obligatoires. À côté de ça, j’ai aussi dû coder en Scala, JavaScript, HTML, Prolog ou encore R, mais à ce niveau-là , ça dépend des cours qu’on choisit. On ne voit pas tous les langages en détails. On a aussi vu un peu de bytecode et d’assembleur, même si ces langages ne sont pas utilisés pour programmer.
Y avait-il plus de jeunes filles avec vous lors de votre première année d’étude (premier mois, quadrimestre, etc.) ?
Au début, dans le tronc commun d’ingénieur, en 2015, on devait être entre 15 et 18 %. On est donc un peu moins maintenant. Je pense que c’est surtout dû au fait que je sois passé d’un cursus général d’ingénieur civil à la spécialisation en informatique. Si je me souviens bien, il y avait environ 5 % de femmes en première sciences informatiques quand j’étais moi-même en première, et seulement une ou deux en deuxième l’année suivante. S’il y en a plus que ça aujourd’hui en master, c’est parce que de nouvelles étudiantes étrangères sont arrivées pour faire leur master avec nous.
J’ai aussi entendu que cette année (2019-2020), il y a 30 % de femmes en première en ingénieure, c’est encourageant.
Est-ce que le pourcentage de femmes inscrites en ingénieur a augmenté d’un coup ou était-ce une augmentation progressive ?
Je n’ai pas les chiffres des autres années en tête, mais je pense que ça s’est fait petit à petit.