État des lieux des femmes programmeuses : un petit point historique s'impose
- Marie
- 5 mars 2020
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 19 avr. 2020
Et si je vous disais qu’au début du 20ème siècle, les métiers du numérique comptaient de nombreuses femmes dans leurs rangs ? Impossible à croire vous allez me répondre. Pourtant, c’était bel et bien le cas. Que ce soient Grace Hopper, les ENIAC girls ou encore Ada Lovelace, toutes ces femmes ont marqué l’histoire de l’informatique. Mais alors, où est-ce que tout a dérapé ?
Les années 80, une plaque tournante
Trois facteurs importants ont été décrits sur le site Internet The Conversation. Tout commence au début des années 80 où un énorme déclin saute aux yeux. Le nombre de femmes en ingénierie informatique baisse jusqu’à la moitié des années 90 où il va à nouveau se stabiliser. Comment peut-on expliquer cette diminution ?
Premier élément déclencheur : de nouveaux critères de recrutement.
Une entreprise américaine crée un persona (= profil psychologique d’une personne type) regroupant de nombreuses caractéristiques qui définissent un bon programmeur afin de filtrer toutes ses demandes d’emploi. Ce persona se base sur une personnalité dite “militaire” où la personne recherchée n’est pas à l’aise socialement et participe à des activités qui étaient définies comme étant masculines.
Dans les années 1940 et 1950, le profil recherché était totalement différent. Les entreprises se penchaient plutôt vers des personnes créatives, logiques et patientes. Un atout supplémentaire était la pratique d’activités telles que le tricot, les mots-croisés ou encore les échecs.
Deuxième élément déclencheur : la hausse des salaires
Plus les années avancent, plus la demande de personnes pouvant travailler dans l’informatique augmente. Avec la demande en augmentation, les salaires suivent également le pas. À l’époque, il était très mal vu qu’une femme programmeuse gagne autant voire plus qu’un de ses confrères masculins. Les équipes mixtes n’existaient pas, les femmes et les hommes travaillaient chacun de leur côté.
De plus, la Grande-Bretagne a souhaité interdire l’accès à la formation d’informatiques aux femmes. Cette interdiction va masculiniser la profession de programmeur.
Troisième élément déclencheur : l’exclusion féminine des institutions
En 1968, une conférence organisée par les personnes dominantes du domaine informatique regroupe de nombreuses figures masculines. Aucune femme n’était présente. Enfin, à la création du mot “ingénieur”, les universités contribuent à une énième masculinisation du métier à cause de ce qualificatif.
La culture populaire et son influence
À l’apparition du terme populaire “geek” dans les années 80, et plus particulièrement de la culture geek, une telle personne est plus souvent perçue comme un garçon. Un geek est le plus souvent vu comme une personne portant des lunettes, assise devant son ordinateur et en train d’écrire un code qui semble compliqué.
Comme démontré au début de la conférence TED par Debbie Sterling, lorsque quelqu’un pense à un ingénieur, la plupart des personnes pense à un homme assis devant un ordinateur avec une apparence “geek”. Très peu de personnes ont pensé à une femme.
Cette conférence date de 2013 mais elle prouve que de nos jours, la femme représente une infime partie du domaine de la programmation. Et encore, depuis les années 80, il y a eu de nombreuses améliorations quant à la condition de la femme dans le domaine de l’informatique.
Depuis cette énorme chute de la présence féminine dans les métiers du numérique, beaucoup d’associations et d’initiatives ont vu le jour afin de convaincre la gente féminine de revenir dans ce domaine. Peut-être qu’au fur et à mesure des années, de plus en plus de femmes entameront des études informatiques et révolutionneront le métier. Seul l’avenir nous le dira.
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